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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/94

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Il la soustrait au joug dont l’Espagne l’accable ;
Il lui donne une armée, il la rend redoutable ;
Et, versant la richesse au sein de ses états,
Y seme les lauriers cueillis par ses soldats.
Les arts commandent-ils ? la nature est docile,
L’onde leur obéit, le métal est ductile :
Amis de nos plaisirs, leurs libérales mains
Ont de bienfaits sans nombre enrichi les humains.
A décrier ces arts c’est en vain qu’on s’obstine ;
Que ne leur doit-on pas ? ils ont fouillé la mine,
Des gouffres de la terre arraché les métaux ;
Là le feu les épure en de vastes fourneaux ;
Ici le flot pressé de l’élément liquide
Tombe, écume, mugit, tourne l’axe rapide
De vingt leviers ailés sur leur centre roulants.
Les marteaux soulevés par leurs efforts puissants,
Mus en des temps égaux, retombent en cadence ;
Et le fer sous leurs coups s’épure et se condense.
Ignorant, vois les arts peupler tous nos chantlers ;
Vois-les dresser les mâts, courber les madriers,
Fondre l’ancre, l’arquer, er des mains innombrables
Ici tailler la voile, et là filer les cables.
Du superbe vaisseau les membres isolés,
Par l’active industrie à grands frais assemblés,