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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/147

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DE L’HOMME,

me répéteroient en vain que le beau moral est un sens qui ; se développant avec le fœtus de l’homme, le rend dans un temps marqué compatissant aux maux de ses semblables. Je puis me former une idée des mes cinq sens et des organes qui les constituent ; mais j’avoue que je n’ai pas plus d’idées d’un sens moral que d’un éléphant et d’un château moral (7).

Entend-on par ce mot de sens moral le sentiment de compassion éprouvé à la vue d’un malheureux ? Mais pour compatir aux maux d’un homme, il faut d’abord savoir qu’il souffre, et pour cet effet avoir senti la douleur. Une compassion sur parole en suppose encore la connoissance : d’ailleurs quels sont les maux auxquels en général on se montre le plus sensible ? ce sont ceux qu’on a soufferts le plus impatiemment, et dont le souvenir