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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/148

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SECTION V, CHAP. III.

en conséquence est le plus habituellement présent à notre mémoire. La compassion n’est donc point en nous un sentiment inné.

Qu’éprouvé-je à la présence d’un malheureux ? une émotion forte. Qui la produit ? le souvenir des douleurs auxquelles l’homme est sujet, et auxquelles je suis moi-même exposé (8). Cette idée me trouble, m’importune ; et tant que cet infortuné est en ma présence, je suis tristement affecté : l’ai-je secouru, ne le vois-je plus ? le calme renaît insensiblement dans mon ame, parcequ’en proportion de son éloignement le souvenir des maux que me rappeloit sa présence s’est insensiblement effacé. Quand je m’attendrissois sur lui, c’étoit donc sur moi-même que je m’attendrissois. Quels sont en effet les maux auxquels je compatis le plus ? ce sont, comme je l’ai