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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/195

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DE L’HOMME,

cette multiplicité de goûts, que de germes de querelles, de discussions, et de vices ! Oui ; mais aussi que de lois et de police pour les réprimer !

Au reste, les grands crimes ne sont pas toujours l’effet de la multitude de nos desirs. Ce ne sont pas les passions multipliées, mais les passions fortes, qui sont fécondes en forfaits. Plus j’ai de desirs et de goûts, moins ils sont ardents. Ce sont des torrents d’autant moins gonflés et dangereux dans leur cours, qu’ils se partagent en plus de rameaux. Une passion forte est une passion solitaire qui concentre tous nos desirs en un seul point. Telles sont souvent en nous les passions produites par des besoins physiques.

Deux nations sans arts et sans agriculture sont-elles quelquefois exposées au tourment de la faim ? dans cette faim quel principe d’activité !