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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/196

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SECTION V, CHAP. VIII.

Point de la poissonneux, point de forêt giboyeuse, qui ne deviennent entre elles un germe de discussion et de guerre. Le poisson et le gibier cessent-ils d’être abondants ? chacune défend le lac ou le bois qu’elle s’approprie, comme le laboureur l’entrée du champ prêt à moissonner.

La faim se renouvelle plusieurs fois le jour, et, par cette raison, devient dans le sauvage un principe plus actif que ne l’est chez un peuple policé la variété de ses goûts et de ses desirs. Or, l’activité dans le sauvage est toujours cruelle, parcequ’elle n’est pas contenu par la loi. Aussi, proportionnément au nombre de ses habitants, se commet-il au nord de l’Amérique plus de cruautés et de crimes que dans l’Europe entiere. Sur quoi donc fonder l’opinion de la vertu et du bonheur des sauvages ?