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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/209

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DE L’HOMME,

époque précede de peu celle de la décadence d’un empire. Cependant les arts et les sciences y fleurissent. Il est deux causes de cet effet.

La premiere est la force des passions. Dans les premiers moments de l’esclavage, les esprits, encore vivifiés par le souvenir de leur liberté perdue, sont dans une agitation assez semblable à celle des eaux après la tourmente. Le citoyen brûle encore du desir de s’illustrer, mais sa position a changé : il ne peut élever son buste à côté de celui des Timoléon, des Pélopidas et des Brutus. Ce n’est plus à titre de destructeur des tyrans, de vengeur de la liberté, que son nom peut parvenir à la postérité : sa statue ne peut être placée qu’entre celles des Homere, des Épicure, des Archimede, etc. Il le sent ; et s’il n’est plus qu’une sorte de gloire à laquelle il