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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/103

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

travers les brumes de la Seine. Son bateau fut baptisé au départ par les quolibets des blanchisseuses du nom de Botin (petite boîte) qu’il conserva depuis. Le capitaine et son mousse, — un mousse qui a brillamment fait son chemin depuis, — avaient arrimé dans la cale un modeste mobilier dont le piteux inventaire donnerait le frisson à un sybarite. Mais s’ils avaient fait une maigre part aux exigences du confortable, ils s’étaient en revanche abondamment pourvus de toiles, panneaux, brosses, couleurs, etc., et quelques réjouissants flacons s’étaient glissés à propos avec le matelas et les casseroles, pour réconforter nos marins après les grands périls et les fortes émotions.

Ainsi vécurent-ils sur le fleuve, brusquement séparés de la vie sociale, seuls au milieu des silencieuses sérénités de la nature, industrieux et libres, comme les héros populaires de Campe et de Foë, réalisant le rêve longtemps caressé du Chien-Caillou de Champfleury.

Tous les ans, au retour de la saison fleurie, Daubigny dénoue l’amarre de son bateau et gagne, le cœur joyeux, les parages de Rolleboise ou d’Auvers qui l’attirent par d’irrésistibles attraits. Tous les caprices de la rive, les