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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/129

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

nière de pré Catelan étale aujourd’hui ses grâces de faux aloi là où sa fantaisie rêvait mystère et solitude !

Voué aux ruines par état, le paysagiste n’a de tendresses que pour les murailles lézardées, les bâtiments en démence et en bas âge, les savards envahis de bruyères ; il aime avec passion les chaumes rongés de mousses, les mares bourbeuses, les routes défoncées, les chemins creux aux flancs qui s’éboulent. Le crayon à la main, il pousse jusqu’à la férocité son amour du pittoresque ; mais, — il le constate avec douleur, — tous les aspects sauvages ou grandioses de la nature tendent à s’effacer à mesure que la science ne laisse plus aucune richesse du sol inexploitée ; à mesure que la civilisation, poursuivant son travail de diffusion et de répartition, uniformise tout sous son niveau : mœurs, costumes, usages, habitations ! Il n’est pas une conquête de l’industrie, pas une amélioration matérielle qui ne coûte en effet quelques sacrifices à la poésie des souvenirs ou à l’ordre des beautés pittoresques. Il faut se résigner à ces envahissements du positif, sans nous attarder à de banales doléances sur la poésie qui s’en va… La Poésie ! elle est dans le cœur de l’artiste ; et