idéal ! Quant à moi, dans ces périodes de travail
et de contemplation qui élargissent le cœur et
surhaussent les facultés, je ne veux rien savoir
des controverses qui divisent les hommes, ni
des courants d’opinion qui les entraînent. Pas
un journal ne vient jeter sa dissonance dans
les harmonies dont je m’enivre. J’oublie et je
m’abstrais. Le monde se réduit pour moi au petit
coin de terre que mon regard embrasse. C’est
pour doubler ma vigueur en concentrant mon
effort que je restreins ainsi volontairement mon
horizon. Si à force d’anéantissement de moi-même
et de puissance d’assimilation, je pouvais
transfuser dans ma vie la vie même du paysage
qui m’entoure et le fixer, sur la toile, ému et
frémissant, avec quels élans d’orgueil, ou plutôt,
avec quels effluves de reconnaissance je
saluerais en tremblant ma victoire !
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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.