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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/191

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

effets tourmentés, les colorations violentes, l’impossible et l’étrange, entassant notes sur renseignements, remplissant ses portefeuilles et ses albums de matériaux à défrayer la vie de dix artistes. D’œuvres, peu. Plusieurs fois, il envoya aux salons officiels un de ces tableaux d’aspect insolite qui causent plus d’étonnement que d’émotion, et recueillent plus d’estime que d’admiration ; car c’est presque toujours en faisant vibrer la corde du souvenir que l’art, comme la poésie, trouve le chemin de notre cœur. Après vingt ans de folles courses à travers le monde, de peines et de périls, il revint fatigué, vieilli,

Traînant l’aile et tirant le pied.

Pendant ce temps-là, son ami était devenu tout doucement célèbre. Prenait-il de temps en temps sa volée vers les contrées voisines, l’Italie ou la Hollande, le Rhin ou l’Èbre, c’était pour revenir bientôt au pays de son enfance, aux lieux de ses affections. Mais s’il bornait si sagement ses aventures, son nom n’en avait pas moins fait plus de chemin que notre artiste voyageur lui-même.