Aller au contenu

Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
IMPRESSIONS ET SOUVENIRS

A peine à Paris, celui-ci courut chez son ami. Il le trouva, dans son atelier, avec sa blouse, son bonnet de coton bleu à liséré rouge, et la « pipette » à la bouche. Il n’avait pas même déménagé ! L’un avait couru après la gloire, l’autre l’avait attendue… à son chevalet.

Je ne veux pas mettre de noms sur les personnages de mon apologue ; encore moins en tirer une de ces étroites et bourgeoises moralités contre laquelle protesterait aussitôt le nom justement célèbre de plus d’un peintre voyageur. Qui ne le sait ? hélas ! l’artiste ne prémédite pas sa vie ; rarement il choisit son chemin. C’est une mystérieuse conjuration d’aptitudes diverses et de facultés complexes qui détermine la voie où il s’engage. Heureux pourtant, dirai-je, celui qui se contente de voyager aux rives prochaines ! Pourquoi courir vers les continents inédits et les paysages exotiques ! Dieu n’a-t-il pas prodigué tous ses dons aux zones tempérées que nous habitons ! Est-il donc nécessaire au poëte de s’en aller si loin pour nous dire les chants de son âme, et le coin de terre qu’il a sous les yeux n’est-il pas pour lui un monde toujours divers, toujours