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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/204

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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.


Vous sentez s’évanouir par degrés le mince prestige qui vous vaut encore le respect et le silence de la foule. Déjà une vague inquiétude trouble votre attention. D’importunes réminiscences parisiennes font bruire à vos oreilles des cris gouailleurs. Qu’un loustic s’avise de dire : « Il commencera, il ne commencera pas ! » et vous êtes perdu !

Alors, le sang-froid vous abandonne ; au lieu de vous hâter lentement, selon le précepte, vous attaquez fiévreusement la toile ; mais vous reconnaissez bien vite que vous n’avez pas suffisamment mûri ce premier travail de gestation dont nous venons de parler. Vous voulez modifier, corriger… Or çà, pas de repentirs, ou adieu le prestige ! Vous effacez néanmoins, — car, pensez-vous, vous êtes là pour vous-même et non pour les autres, — et c’est alors qu’un polisson, qui vous guettait, s’écrie triomphalement :

— Oh ! la la… y s’a trompé !