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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/215

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

J’aime les bruines et les brouillards argentins qui estompent l’horizon. Je parlais tout à l’heure de la mer ; est-elle jamais plus attachante que les jours où le temps gris noie le ciel, l’eau, les côtes dans ces harmonieuses indécisions qui font le décor plus vaste et le spectacle plus humain ! Et quand notre regard, notre rêve, se sont longtemps oubliés dans cette silencieuse extase, si le soleil, dissipant les nuages, éclaire soudain la scène, ne nous semble-t-il pas quelquefois rapetisser, en le précisant jusque dans ses détails, le splendide tableau que nous admirions ! Ne préférons-nous pas les chatoiements nacrés des eaux, sous un ciel nuageux, à cette mer de lapis et d’émeraudes qui coupe horizontalement, d’une ligne ferme, un ciel d’un bleu inexorable !


Je n’ai jamais mieux senti, mieux analysé ces impressions qu’à Saint-Malo que je visitais par un temps de pluie. Je ne connais pas, jusqu’à présent du moins, de port d’un aspect plus pit-