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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/216

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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.

toresque que Saint-Malo, et qui offre des tableaux plus variés, plus largement composés. Avec un peu d’imagination, on fait le tour de l’Europe en faisant le tour de la ville. Quand, tourné dans la direction de Paramé, je regardais la côte basse, et les moulins à vent, et les usines aux toits rougeâtres, et les brise-lames de la plage, — tout cela se fondant dans une tonalité grise, où luisait une mer aux blancheurs d’agate, — je me croyais transporté en Hollande.

Quand la pluie ou le brouillard enveloppait Saint-Servan d’un blanc rideau de mousseline, les détails assez pauvres de ses monuments et de ses constructions s’effaçaient au profit de sa silhouette, qui est fort belle. Les brumes semblaient reporter à une distance énorme l’horizon relativement rapproché. Ajoutez à cela les bâtiments qui se pressent le long du quai, les mâtures qui s’enchevêtrent, la fumée du steam-boat, les grues qui manœuvrent leurs grands bras pour le chargement des navires, le mouvement industriel du port, et vous êtes en Angleterre.

Pour peu que le ciel se fît bleu, et que le