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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/223

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

qu’il entre dans cet empressement infiniment moins de respect que de curiosité, heureux encore quand il ne s’y mêle pas une pointe de malveillance.

Je promenai mes amis dans mes domaines : prés, fermes, étangs ; car tout cela est à moi, — ou du moins à mon pinceau, — et il n’est pas un coin des bois que je ne connaisse mieux que son propriétaire selon le cadastre.

En traversant le hameau de Gléret, j’aperçus, sur le pas de sa porte, Armand Hulcourt, dit le père Lemballe ou l’Emballeur, — un bon type dont je voulus régaler mes hôtes : face tannée, ridée, petit œil fin et goguenard, et un nez carminé, fleuri, bourgeonné, érubescent, bossué comme un topinambour, un nez qui est à lui seul tout un poëme bachique. Le père Lemballe me tendit la main, et quand il aperçut la nombreuse et pimpante société que j’avais devancée :

— Tiens — fit-il tranquillement, — vous avez du peuple ?…

C’est simple et rude, et tout à fait exempt d’afféterie. Je ne sais si mes belles Parisiennes trouvèrent cela du dernier galant et si elles jugèrent avoir fait suffisamment leurs frais d’élé-