sur sa bêche ou à la charrue, dur à lui-même,
mais juste à tous, — le père Robinet n’appelle
jamais le beau Romeuf autrement que…
le Préambuleux !
Le Préambuleux ! Est-il possible de mieux dégonfler d’un mot ces importants dont la vie s’évapore en phrases creuses et qui pérorent toujours sans conclure ? Y en a-t-il, autour de nous, de ces préambuleux ! Les préambuleux sont une plaie de l’époque.
Préambuleux, l’homme qui travaille toute sa vie à un grand ouvrage qui ne verra jamais le jour ; préambuleux, le professeur en Sorbonne qui, le jour où il clôt son cours, en est encore aux considérations préliminaires ; préambuleux, le journaliste qui échappe par les jeux de bascule de ses tartines au péril de dire nettement sa pensée ; préambuleux encore ces conférenciers qui s’engagent sur l’affiche à traiter des sujets de la plus haute portée, et se contentent d’amuser leurs auditeurs à des digressions plus ou moins ingénieuses, mais futiles.
Que d’avocats, que d’orateurs, de tribuns, de charlatans de popularité, s’en tiennent aussi au préambule, mais pour qui les logiciens du mal sont toujours prêts à conclure.
