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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/237

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


tions du bel homme au sentiment de sa mission politique. Je suis sûr, à voir son air triomphant, qu’il s’adresse constamment, in petto, toutes sortes de monologues caressants dans le genre de celui-ci :

« Suis-je assez homme de progrès ! suis-je assez dans le mouvement ! et ne devrais-je pas être à la tête de la commune ! Car enfin, je suis juste, moi : « à chacun selon son mérite ». Est-ce ma faute, à moi, si je suis supérieur à tout ce qui m’entoure ici ? »

Il se gargarise de phrases prudhomesques, paraissant surtout se complaire aux sonorités de sa voix ; libéral dans la rue, absolu au logis ; jeune encore et déjà oisif ; un de ces inutiles qui pérorent sur la sainteté du travail en se croisant les bras, qui passent leur vie à sécréter les sophismes dont ils absorbent régulièrement, au moyen du journal, leur infusion quotidienne ; qui vont à la chasse quand les autres labourent. Plus vaniteux que méchant en somme, le beau Romeuf est de ceux qui soufflent le feu sans vouloir l’incendie.

Mais le campagnard n’aime généralement pas les tonneaux vides ; et le père Robinet, — un travailleur pour de vrai, celui-là, qui mourra