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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/254

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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.


jusqu'au paradoxe, et se vengent de sa supériorité en le faisant passer pour envieux, injuste, violent, etc. L'artiste oublie trop, quand il est sorti de son milieu habituel, que le silence est d'or.

Si nous songeons maintenant combien l'artiste, en face de son œuvre, est anxieux, tourmenté; combien il a besoin de réagir contre le doute et le découragement qui l'assaillent, nous nous expliquerons mieux encore cette vanité, d'autant plus insatiable en apparence, qu'elle est plus nerveuse et plus inquiète. Si nous réfléchissons que, dans l'ordre de créations où l'artiste consume ses jours, les divers éléments de certitude qui guident l'homme dans ses autres travaux lui manquent absolument, nous compâtirons à cette soif de l'éloge qui est pour lui l'unique moyen de relever ses défaillances.

L'artiste porte partout son rêve avec soi. La préoccupation de l'œuvre qu'il a conçue l'étreint, sans repos ni trêve. A toute heure, en tout lieu, il y travaille mentalement, l'élabore,