la corrige, la perfectionne. Peut-on s’étonner
après cela de cet irrésistible besoin de s’entendre
parler de cette œuvre dans les entrailles de
laquelle il a transfusé sa vie ?
Le dirai-je enfin ? Souvent, c’est pour se rassurer contre les tortures du doute que l’artiste quête un mot complaisant, un point d’interjection flatteur. Car s’il y a des heures furtives, où il croit voir resplendir son œuvre telle qu’il l’a rêvée, souvent aussi elle lui apparaît laide, sotte et vulgaire. Pauvre artiste ! jamais, dans la phase de la production, il ne se juge de sang-froid. Étrange supplice et néanmoins supplice nécessaire ! car s’il lui était donné d’apprécier la distance qui sépare son œuvre infime de l’idéal radieux auquel il aspire, ce serait à crever sa toile de désespoir et à jeter ses pinceaux à la borne.
Ces alternatives de doute et de confiance, ces joies et ces accablements soudains seraient-ils la condition même de ces douloureux enfantements ? Je le crois. Quand l’artiste n’éprouve plus ces intermittences de force et d’abattement, quand il a la quiétude et la sérénité, c’est presque toujours une preuve qu’il a commencé à descendre les divers échelons de la