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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/30

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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.

de ces paysagistes ! » dit M. Ph. de Chennevières dans une curieuse petite brochure, rareté bibliographique, où il a raconté, dans des pages d’un frais sentiment, les souvenirs d’une excursion qu’il fit à Barbizon en 1847[1]. Belle vie en effet ! Rire, travailler, quelle bonne hygiène ! Quel ressort et quel élément d’émulation dans cette sorte d’enseignement mutuel ! À celui qui a l’avenir tout grand devant lui, les comparaisons qui résultent de l’étude en commun n’offrent que des avantages. Plus tard, elles ne sont pas sans danger pour l’originalité : elles tourmentent le peintre, le portent à changer sa manière et le jettent dans de fâcheuses préoccupations de procédés. Il faut beaucoup de talent ou une grande présomption pour ne se laisser pas influencer et dérouter par les diverses manières de voir, de sentir, d’exprimer de ceux au milieu de qui l’on travaille. Aussi l’on ne s’aventure pas toujours impunément dans ces bandes tapageuses, passé la première jeunesse.

Corot ne les fuyait point absolument. Il est vrai qu’il ne se laissait pas entamer par les plaisanteries des rapins ; je parle d’il y a trente ans,

  1. Lettres sur l’art français. (Argentan ; Moisson, imp. 1850.)