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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/42

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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.

de notre artiste justifient jusqu’à un certain point les préventions dont il est l’objet : il va, vient, furette, se jette dans des chemins sans issue, hâte ou ralentit le pas sans cause apparente. Le voilà qui s’arrête court, et regarde dans le vide avec une puissance d’attention contagieuse ; aussi le paysan tourne-t-il instinctivement la tête dans la même direction ; mais il voit… qu’il ne voit rien… et sa curiosité déçue ne le dispose pas favorablement. Tantôt le peintre contemple le panorama qui s’étend devant ses yeux, en circonscrivant avec la main, pour le mieux juger en l’isolant, l’espace qu’il a l’intention de reproduire. Ces gestes bizarres ont de quoi troubler des esprits simples auxquels ces pratiques paraissent sentir un peu le fagot.

Si le peintre cause avec un confrère, les perplexités du paysan redoublent, car il ne saisit de leur idiome ténébreux que quelques expressions inquiétantes : enlever, croquer, brûlée, innocent qualificatif qui s’applique à la série des couleurs calcinées au feu. Comment voulez-vous après cela que ces bonnes gens ne rêvent pas un peu vols qualifiés, parquet et cour d’assises