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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/95

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


la nature garde, pour ceux-là mêmes qu’elle éprouve le plus rudement, son charme le plus attendri, ses colorations les plus blondes et les plus délicates ? Est-elle jamais plus belle que lorsque la bise de novembre échevèle les rideaux de peupliers, quand les brumes argentines noient dans d’exquises indécisions les ombres douces et les douces clartés ; quand les arbres dépouillés brodent sur le ciel leurs désespérantes guipures ! C’est la symphonie de l’hiver qui commence. Le vent promène à travers la plaine morne sa plainte solennelle ; les nuages au mouvement grandiose balayent les ciels profonds ; la pluie estompe les masses du paysage dans la chromatique des tons gris ; les soleils roses irisent les neiges diaprées et leurs pâles rayons éclairent ces majestés et ces désolations de leur joie mélancolique. Oui, qui ne sait de la nature que les gaietés du renouveau et les luxuriances de l’été, n’a lu que la moitié de cette épopée en quatre chants, dont les deux derniers, — l’automne et l’hiver, — sont les plus attachants et les plus sublimes ! L’hiver, la nature a la grâce encore et, de plus, elle a les larmes. Elle est en rapport plus direct et plus intime que jamais avec l’âme humaine par la