Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/116

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d'amour et, dédaignée, ourdil savammenl sa vengeance: elle s'em para du sceau du poiet envoya un ordre scellé d'arracher les yeux à Kunâla. Mais aucun des bourreaux n'osa porter la main suc des yeux si beaux : en vain il les exhortait à obéira leur souverain ; les assistants pleuraient... Enfin s'avance un homme hideux : il ar- rache un œil ; Kunâla. paisible, le prend dans sa main el 'lit : Pourquoi, vile boulede chair, ne vois-tu plus les formes, toi qui les voyais tout- à-1'heure? Combien sonl insensés el aveugles ceux qui s'attachenl à loi et disent : Cet œil, c'esl moi ! » On arrache l'autre œil. « L'œil de chair», dil Kunâla, « m'a été enlevé; mais j'ai acquis l'œil parfait de la sagesse. Le roi me renie pour son fils; niais me voici fils «lu sublime roi de vérité. J'ai perdu le royaume dont l'apanage esl souf- franceel gagné celui qui bannit la douleur. » On lui apprend que tout le mal vient de la méchanceté de la reine. « Longs jours ». répond-il, « et bonheur et puis- sance;! celle qui me vaut cette immense félicité! » Il [.art avec" sa fidèle épouse; il mendie le long du che- min, en chantant et s'accompagnant de son luth, et ses pas le conduisent enfin à la porte du palais de son père, qui reconnaît sa voix mélodieuse, le fait monter, puis demeure interdit devant cet aveugle. Peu à peu, la vérité se découvre, et le roi, outré de colère, va faire châtier la coupable. Mais Kunâla: a Ne rends pas le mal pour le mal, ô roi, et n'attente pas à la Aie d'une femme ; car la bonté est le mérite suprême, et le Bienheureux a proclamé le pardon.» Puis, pros- terné à ses pieds: « Je ne ressens point de souffrance, ô roi, et la cruauté n'anime pas en moi le cruel feu delà colère; mais j'aime de tout mon cœur ton épouse qui m'a fait arracher les yeux. Aussi vrai que ceci est vérité, puissent-ils redevenir ce qu'ils étaient ! >< Et

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