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Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/420

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HERMÈS TRISMÉGISTE.

n’accuse pas l’inspiration du musicien, on lui accorde l’estime que mérite son œuvre ; mais on se plaint de l’instrument dont le désaccord a troublé la mélodie et empêché les auditeurs d’en saisir la pureté. De même la faiblesse de notre corps ne peut sans impiété être reprochée à (l’auteur de) notre race. Mais sache que Dieu est un artiste au souffle infatigable, toujours maître de sa science, toujours heureux dans ses efforts, et répandant partout les mêmes bienfaits. Si Phidias, l’ouvrier créateur, a trouvé une résistance dans la matière qu’il lui fallait employer pour son œuvre, n’accusons pas l’artiste qui a travaillé selon son pouvoir ; plaignons-nous d’une corde trop faible qui, en abaissant ou en élevant la note, a fait disparaître le rhythme, mais n’accusons pas l’artiste des vices de l’instrument ; plus celui-ci est mauvais, plus celui-là mérite d’éloges quand il parvient à en jouer dans le ton juste. Les auditeurs l’en aiment davantage, loin de lui rien reprocher. C’est ainsi, ô très-illustres, qu’il faut mettre notre lyre intérieure d’accord avec la pensée du musicien.

Je vois même qu’un musicien, privé du secours de la lyre et devant produire un grand effet d’harmonie, a pu suppléer par des moyens inconnus à l’instrument dont il avait l’habitude, au point d’exciter l’enthousiasme de ses auditeurs. On dit qu’un joueur de cithare, auquel le Dieu de la musique était favorable, ayant