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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/117

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MAJOGBÉ.

tier où s’élevait le palais d’Elado brûlait. Sa vengeance égalait celle des dieux. L’incendie d’une cité l’éclairait. Il jeta un cri de défi à l’adresse de ceux qui le poursuivaient hurlant la mort, et il disparut dans la nuit.

Depuis des jours, Adamou, Banyance et Majogbé marchaient dans les forêts, comme des bêtes traquées.

Ils se cachaient ; ils évitaient les bourgs et les fermes ; ils redoutaient de rencontrer des hommes ; ils ne voulaient pas être pris. Le vieux coureur gambari quittait souvent les chemins et se guidait au soleil, aux étoiles. Le voyage était pénible ; les rivières grossissaient. Durant des heures, les fugitifs devaient patauger dans l’eau et dans la boue. Ils dormaient à peine. Ils avaient peu de provisions. Il fallait marcher, arriver vite…

Enfin Adamou dit, un soir, en reconnaissant une rivière au milieu d’une campagne de palmiers :

— Demain nous serons chez les blancs. Nous pouvons nous reposer.

H se roula dans son pagne, sous sa natte et des feuillages, et s’endormit.

Majogbé avait fait une hutte avec des branches et des palmes. Il se coucha au côté de Banyane. Et alors, très doux, il dit les paroles que la vierge attendait depuis si longtemps :