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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/31

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MAJOGBÉ.

— Plusieurs hommes ont plus de sagesse qu’un seul. Beaucoup d’yeux voient mieux que deux yeux. J’ai en ce moment beaucoup de peine, je vous ai réunis pour vous consulter. Lorsque les dieux châtièrent Kosioko l’infortuné, comme j’étais son ami le plus proche, ils me donnèrent ses épouses favorites, son fils, une partie de ses trésors et toutes les richesses qu’il avait prêtées. Or, depuis sa mort personne n’est venu me dire : « Je devais un esclave, je devais des sacs, je devais un bœuf, je devais un cheval à Kosioko, c’est à toi que maintenant je dois cela, je viens te payer ou bien te donner un gage. » Personne n’est venu. Personne ne devait rien ! Mais Oro est juste, j’ai su quels hommes avaient de grandes dettes chez Kosioko. Je leur ai fait demander s’ils se souvenaient de cela. Aucun d’eux ne s’est souvenu. Cependant ils n’ont pas pu oublier ; plusieurs d’entre eux ont repris les gens : qu’ils avaient mis en gage. Que dois-je faire ? Quel est votre conseil ?

Les assistants se regardaient avec inquiétude, ils se demandaient si Elado n’allait pas les accuser et profiter contre eux des moyens qu’ils auraient eux-mêmes proposés. Ils hésitaient.

— Vous pouvez parler sans crainte, leur dit Elado ; ceux dont je sais les noms et contre lesquels je suivrai vos conseils pour obtenir ce qui m’est dû ne sont point parmi vous.

— Sont-ils des hommes puissants ?

— Oui, sans cela vous aurais-je demandé conseil ?