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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/32

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MAJOGBÉ.

— Sont-ils plus puissants que toi ?

— Non, sans cela me risquerais-je à les attaquer ?

— Eh bien, maintenant, puisque nous sommes éclairés, dit l’Assipa qui flairait quelques riches dépouilles, voici notre conseil. Il faut te faire payer ce qu’on te doit et traduire ceux qui nient au grand conseil. Tu demanderas contre eux l’épreuve du poison ou l’épreuve de l’eau dans l’Ogun. Comme tu as certainement raison, les dieux puniront les coupables.

— Quels qu’ils soient ?

— Oui.

— Eh bien, que ce soir au grand conseil vous veniez et vous teniez prêts à juger Ogutoë, Sigo et son frère Agbaki.

Un vieux féticheur demanda :

— Viendront-ils ?

Elado répondit :

— Ils sont déjà pris et gardés.

Les trois malheureux comparurent en accusés devant le tribunal des gens de l’Akpenan.

Le maître de Majogbé leur demanda, comme à des amis, d’avouer ce qu’ils lui devaient ; il les conjura de payer ; il donnerait lui-même l’offrande aux esprits dérangés à cause d’eux… Ils nièrent. Elado fit parler Majogbé.

— Il y avait chez mon père dix esclaves mis en gage par Sigo. Mon père avait prêté deux fois deux cents sacs à Sigo. Agbaki devait encore bien plus