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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/39

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MAJOGBÉ.

après les pluies. Comme dans la maison d’un pauvre homme, un seul coin de case était couvert et pouvait abriter contre l’eau, contre le soleil. Dans la grande cour il n’y avait que des jarres cassées, et aux piquets d’entraves, le soir, on n’alta-Chait point de moutons. Dans les cours intérieures, un seul cheval boiteux errait mélancolique. Au gynécée, quelques vieilles, ridées, maigres, s’ennuyaient devant des enfants qui ne jouaient pas. Le roi dormait souvent ; quand il se réveillait, il criait comme un bouvier parce que son pitou n’était pas bon. Ses femmes ne cuisaient que rarement et achetaient le breuvage au marché, à bas prix.

Chez Elado, c’était au contraire la prospérité, car il avait beaucoup volé, beaucoup « mangé ». Tous le craignaient. Maté, l’Ologbo Oro lui-même, avait donné depuis longtemps l’exemple de la soumission apparente la plus complète, et avait mis à sa disposition Oro, ses fétiches et ses mystères.

Majogbé était un adolescent ; beau, fier, gras, paresseux, il vivait heureux dans une case riche, en esclave de qualité, en homme de confiance, en ami, plus écouté, plus apprécié que les fils du maître. Il était le messager dans les affaires secrètes. Elado l’envoyait aux négociations difficiles, où il regrettait