L’un me tourne en tous sens, un autre me torture ;
Et, pour mieux m’accuser, souvent me dénature.
Si j’ajoute un seul mot tu vas me deviner :
Je suis libre… Jamais on ne peut m’enchaîner.
Mon cher lecteur, que ton esprit habile
Daigne de moi s’occuper un moment ;
Je serai court sur mon signalement.
Mon aspect est affreux, mon accès difficile :
Fermeté, dureté, voilà mon élément.
Ajoutes une tête à mon nom rebutant,
Pour lors au gré de ton caprice
Je changerai de forme et de destin.
Si tu me mets un B, je sers en un festin ;
Si c’est un C, je suis plein d’artifice ;
Si ma tête est un F, on me voit au couvent
Exercer quelquefois un tyrannique empire ;
Enfin, si c’est un T, sois et fin et prudent :
Si par moi l’on te dupe, on ne fera qu’en rire.
Avec Noé dans l’arche on trouve mon premier ;
Un vêtement d’Afrique est, dit-on, mon dernier ;
Autrefois dans ta France on trouvait mon entier.