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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/192

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introduction.

avec une très grande pénétration. Cependant, je consignerai ici ce que j’ai pensé, à diverses reprises, des Prénotions coaques. Que ce livre ne soit pas d’Hippocrate, c’est ce que prouve le témoignage de Galien et d’autres. J’ai souvent hésité de savoir s’il est antérieur ou postérieur à Hippocrate. Galien dit, il est vrai, que tout ce que les Prénotions coaques et les Prorrhétiques contiennent de véritable, a été pris aux Aphorismes, au Pronostic et aux Épidémies. Cependant si, comme la raison le veut, les choses sont enseignées dans un meilleur ordre par celui qui écrit en dernier lieu, l’ordre qui règne en certains passages du Pronostic, des Prorrhétiques et des Aphorismes, meilleur que dans les Prénotions coaques, ferait croire, si l’autorité de Galien ne s’y opposait, qu’elles sont plus anciennes qu’Hippocrate, et que ce médecin y a puisé abondamment. Mais, d’un autre côté, certains passages y étant mieux que dans les autres écrits dénommés plus haut, il ne paraît pas improbable qu’elles soient contemporaines d’Hippocrate, et que l’auteur des Coaques ait récolté, comme lui, dans un champ déjà fécondé par les travaux et les observations des anciens.

J’ai encore un scrupule sur le livre de l’Aliment. En effet, si la brièveté, l’obscurité, la gravité du style et l’abondance des pensées sont des indices de la doctrine hippocratique, pourquoi ne pas le considérer comme une œuvre émanée d’Hippocrate lui-même[1] ; d’autant plus que ni Galien, ni aucun autre bon auteur, ne nient qu’il soit d’Hippocrate ?

  1. Cette réflexion de Costei porte à croire que, lors de la première édition de son Examen, Mercuriali n’avait pas mis le livre de l’Aliment dans la première classe. Je n’ai pu vérifier ce fait, n’ayant pas sous la main cette première édition.