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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/23

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mencement même de l’histoire de la médecine, a fait croire que cette science ne datait réellement que de l’époque et des travaux d’Hippocrate. C’est une erreur : cette collection a été précédée d’une longue période d’efforts et de recherches qui n’ont point été stériles, et elle a recueilli des héritages dont il n’est pas impossible de retrouver la trace. Il importe donc de montrer qu’Hippocrate, son école et leurs livres sont venus dans des temps d’activité scientifique, et qu’il y avait eu avant eux d’autres écoles et d’autres livres.

Les sources de la médecine grecque dans l’âge qui a été immédiatement antérieur au célèbre médecin, sont au nombre de trois. La première est dans les collèges des prêtres-médecins qui desservaient les temples d’Esculape, et que l’on désignait sous le nom d’Asclépiades ; la seconde, dans les philosophes ou physiologistes qui s’occupaient de l’étude de la nature, et qui avaient fait entrer dans le cadre de leurs recherches l’organisation des corps et l’origine des maladies ; la troisième est dans les gymnases où les chefs de ces établissements avaient donné une grande attention aux effets, sur la santé, des exercices et des aliments. Il faut examiner successivement ces trois éléments du développement médical dans l’ancienne Grèce.

La médecine égyptienne était exercée par des prêtres ; elle appartenait à une certaine fraction de la classe sacerdotale. Il en fut de même dans l’organisation primitive de la Grèce, qui reçut de ses premiers instituteurs, les Égyptiens, un établissement social long-temps marqué du sceau de sa première origine ; et là, comme sur les bords du Nil, les prêtres se chargèrent du soin de la santé des hommes. Des deux côtés l’art s’enferma dans les temples, se communiqua aux initiés, fut caché au vulgaire, et se lia par sa position même à une série d’idées et de pratiques plus ou moins superstitieuses.