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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/24

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Le dieu de la médecine était Esculape, venu, comme tous les dieux de l’Olympe grec, des régions de l’Orient. La mythologie le faisait fils du Soleil. Cette généalogie, sans doute, n’est pas moins symbolique que la personne même du dieu, et Pausanias[1] raconte qu’un Sidonien, qu’il rencontra dans le temple d’Esculape à Ægium, lui dit que ce dieu est la personnification de l’air nécessaire à l’entretien de la santé de tous les êtres, et qu’Apollon, qui représente de son côté le soleil, est dit, avec raison, le père d’Esculape, puisque son cours détermine les différentes saisons et communique à l’atmosphère sa salubrité. Le culte d’Esculape remonte dans la Grèce à une haute antiquité ; ses fils Podalire et Machaon sont comptés, par Homère, parmi les héros qui assiégèrent la ville de Troie ; et c’est à ces deux personnages qu’on attribuait l’introduction du culte d’Esculape dans la Grèce. Les mythologues prétendent que Machaon le porta dans le Péloponèse, et Podalire dans l’Asie-Mineure. Le plus ancien temple passait pour être celui de Titane près de Sicyone, et Xénophon[2] rapporte que, selon un antique usage, des médecins suivaient l’armée lacédémonienne en campagne, et se tenaient auprès du roi sur le champ de bataille. Ces médecins ne pouvaient être que des serviteurs d’un des temples d’Esculape[3] que possédait Lacédémone.

Dès la plus haute antiquité, il se fonda dans la Grèce un grand nombre de ces Asclépions[4] qui s’ouvrirent pour le service du dieu et le service des malades, et qui disséminèrent, avec son culte, la pratique de l’art. Ces temples étaient en

  1. Liv. VII, Achaïe chap. 22, t. 4, p. 192, Ed. de Clavier.
  2. De republ. Laced. cap. 13.
  3. Τοῦ Θεοῦ δοῦλοι, comme les appelle Pausanias.
  4. Ἀσκλεπεῖον, temple d’Esculape.