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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/288

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introduction.

que des débris de tous les travaux des hippocratiques ; une portion très considérable en était anéantie.

« Des auteurs, dit Galien, n’ont pas publié leurs écrits de leur vivant, et, après leur mort, il ne restait plus qu’une ou deux copies, qui ont péri. D’autres fois, des écrits ont peu de faveur ; on ne les recopie plus, et ils disparaissent. Enfin il y a des gens qui, par pure jalousie cachent et détruisent les livres des anciens ; d’autres enfin en font autant pour s’approprier ce qui a été dit[1]. » Indépendamment des causes que signale Galien, cette perte des livres a été particulièrement considérable dans l’intervalle qui a précédé l’établissement des grandes bibliothèques publiques. Cela a dû être ; car, dans cette période de l’antique librairie, le papyrus n’était pas aussi commun qu’il le fut après la conquête de l’Égypte par les Grecs, et le parchemin n’était pas inventé. Il était donc fort difficile de se procurer des matières propres à copier les livres, et le nombre des exemplaires ne pouvait qu’être extrêmement restreint. On cite à cette époque (tant ils sont rares !) les particuliers et les princes qui ont eu des bibliothèques.

Aristote fut au nombre de ceux qui se firent une bibliothèque, et, à en juger par les auteurs qu’il cite dans ses ouvrages, il est certain qu’il fut riche en livres. Mais quiconque lira ses œuvres avec quelque attention verra que, parmi ces livres qu’il cite, beaucoup n’ont plus été cités par personne. Ils ont péri avant de recevoir une publicité véritable, et d’être inscrits au catalogue des grandes bibliothèques qui se fondèrent plus tard en Égypte, à Pergame et ailleurs. Quelques hommes jaloux de la gloire d’Aristote ont, dans l’antiquité, prétendu qu’il avait détruit volontairement les livres

  1. T. v, p. 4, Éd. Basil.