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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/353

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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

l’une sur l’autre, et de plus il est visible que celle de Dioclès est postérieure à celle du traité des Articulations. En effet, Hippocrate s’est servi d’un mot devenu obscur τύρσις, tellement que les commentateurs ont cru devoir l’expliquer. Ainsi Bacchius avait dit dans le premier livre de son ouvrage intitulé les Dictions, que ce mot signifiait une tente, une tour, un créneau[1]. Or, Dioclès remplace le mot τύρσις par le mot πύργος, plus usité ; et cette remarque, toute délicate qu’elle est, ne laisse, ce me semble, aucun doute sur la question de savoir si Dioclès a emprunté sa phrase au traité des Articulations.

Ainsi voilà une phrase que Galien assure avoir été copiée par Dioclès dans le traité des Articulations ; voilà de plus un précepte chirurgical qui, imputé comme une erreur à Hippocrate par Ctésias, se trouve dans ce même traité. En outre, toute l’antiquité l’a regardé comme authentique, et deux disciples immédiats d’Hérophile l’ont commenté. Il est certes difficile de renverser un pareil ensemble d’arguments qui tous reposent sur des témoignages directs, et de ne pas croire que le livre des Articulations est vraiment d’Hippocrate.

Il ne faut, en effet, rien moins que de tels arguments pour dissiper les préjugés soulevés par plusieurs critiques modernes, entre autres par Gruner, par Sprengel et par Grimm[2].

On a assuré que la connaissance des artères et des veines impliquait une date postérieure à Hippocrate ; j’ai rappelé (p. 206) que les artères avaient été nommées par Euryphon plus vieux que lui ; on a prétendu que le mot muscle était des

  1. Ἐν ά, σκήνη, ἢ πύργος, ἢ προμαχών. Érot., Glossaire, p. 364, Éd. Franz.
  2. Bd. III, S. 565.