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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/480

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introduction.

imiter : elle répond à la définition que Platon a donnée de la médecine de ce temps, et que j’ai rapportée quelques pages plus haut.

Au point de vue de la prognose, l’étude de la santé, de la maladie et du traitement formait un tout fort simple. Érasistrate rapporte (Gal., t. v, p. 40, Éd. Bas.) qu’un certain Pétronas, postérieur de peu à Hippocrate, s’avisa de traiter les fébricitans par l’usage du vin et des viandes. Certes ce Pétronas n’était pas de l’école de Cos ; jamais la doctrine hippocratique n’aurait permis une si grave aberration ; elle avait trop étudié l’homme sain, l’homme malade, et les efforts de la nature dans les fièvres, pour supposer qu’un pareil traitement put jamais avoir des résultats avantageux, et qu’un pareil essai dût jamais être tenté. La prognose, telle qu’elle l’avait fondée et enseignée, la prémunissait contre les écarts dangereux d’un aveugle empirisme. Pétronas s’était dit grossièrement : peut-être le vin, les viandes guériront les fièvres ; qui sait ? essayons. Une telle expérimentation faisait violence à toutes les règles de la prognose.

Il faut sans doute pardonner aux hippocratistes leur admiration pour la grande école qui a donné une base à la science, et pour le grand homme qui en a été l’interprète. Cette unité qui apparaît dans la conception de la plus antique médecine grecque, a quelque chose de singulièrement beau et remarquable ; d’autant plus qu’elle ne s’est plus retrouvée ; ou du moins que les systèmes qui ont eu la prétention de remplacer l’hippocratisme, n’ont jamais eu ni autant de consistance, ni autant de durée, ni, il faut le dire, autant de valeur intrinsèque. En effet, les systèmes se sont appuyés sur l’hypothèse, et Hippocrate s’est appuyé sur la réalité. Ici encore, ce sont les propres termes d’Hippocrate que j’emploie. Ce qu’il combat dans le traité de l’Ancienne