Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
de la doctrine médicale d’hippocrate.

médecine, c’est l’hypothèse (ὑπόθεσις) ; ce qu’il recommande, c’est la réalité, l’étude des faits (τὸ ἐόν).

On le voit donc, la méthode antique d’Hippocrate et la méthode moderne ne diffèrent pas dans leur essence, car elles sont l’une et l’autre la méthode expérimentale. Hippocrate, comme nous, a voulu qu’on observât la nature, et, comme nous, il s’est servi de l’induction pour agrandir le champ de ses observations et trouver un lien entre les faits particuliers. Mais il admet que ce lien est l’étude des signes communs des maladies, et sur cette étude il établit, sans hésiter, sa pathologie générale. Mais nous, nous sommes arrivés à ce point que les signes communs qui suffisaient à Hippocrate, ne suffisent plus pour diriger le médecin dans le vaste domaine des phénomènes pathologiques. Si nous remplissions à la lettre le programme hippocratique, si nous relevions les signes communs et rien que ces signes dans toutes les maladies, nous obtiendrions un résultat si réduit, nous descendrions à une généralité si éloignée qu’il n’en sortirait aucun fruit pour la théorie et la pratique. Qu’arrive-t-il donc ? C’est que nous nous enfonçons, chaque jour davantage, dans les détails, dans l’observation locale, dans les recherches de plus en plus ténues et minutieuses. Hippocrate, par la nature de ses connaissances, a été tenu à la superficie du corps malade. La médecine moderne a pénétré dans l’intérieur ; et cette pénétration, si je puis ainsi parler, dans l’intimité des organes et des tissus, a été le travail des siècles qui nous séparent d’Hippocrate.

Le médecin de Cos expose, dans son Pronostic, les communautés des maladies, c’est-à-dire la valeur de l’état général du malade ; dans ses Épidémies, il retrace ce qu’il a observé, c’est-à-dire ces communautés mêmes ; dans son livre du Régime des Maladies aiguës, il apprécie la thérapeu-