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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/78

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introduction.

mirables se disputaient la prééminence dans la médecine. Celle de Cos se trouva avoir les disciples les plus nombreux et les meilleurs ; celle de Cnide la suivit de près ; et l’école d’Italie ne fut pas non plus sans gloire[1]. »

Plusieurs critiques, dans l’antiquité, et surtout dans les temps modernes, ont incliné à croire que certains des écrits contenus dans la Collection hippocratique avaient été supposés par des faussaires à l’époque où les rois d’Égypte et de Pergame rivalisaient entr’eux pour l’achat des livres, et les payaient très cher. Cette assertion, contredite par plusieurs témoignages directs, l’est formellement aussi par les allusions fréquentes que les auteurs des ouvrages existants aujourd’hui font à des ouvrages perdus. Rien ne prouve mieux que ce sont véritablement des médecins d’un temps antérieur à la formation des grandes bibliothèques qui ont composé ces livres. Un faussaire n’aurait pu songer à cette variété de citations ; il n’y aurait pas vu un moyen de donner plus de créance à ses suppositions ; et s’il avait cru utile de recourir à cet artifice, il aurait bien plutôt cité des ouvrages existants, afin que ces renvois de l’un à l’autre fortifiassent l’authenticité des ouvrages qu’il attribuait à Hippocrate. Et en effet, le faussaire qui a composé la correspondance du médecin de Cos avec Artaxerce et Démocrite n’y a pas manqué. Il cite le Pronostic, le Livre du régime dans les maladies aiguës, le Prorrhétique, et il essaie par ce moyen de donner à ses fraudes un caractère de vérité. Mais les véritables médecins dont les écrits ont été conservés dans la Collection hippocratique se réfèrent à d’autres ouvrages qu’ils avaient composés, et qui étaient déjà détruits au moment où les bibliothèques recueillirent ceux qui subsistent encore aujourd’hui. L’auteur seul

  1. Tom. iv, p. 35, Ed. Basil.