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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/90

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introduction.

la médecine ne lui avait pas été étrangère ; et il avait composé, sur cette science, des livres aujourd’hui malheureusement perdus, sauf quelques fragments, qui en subsistent dans les Problèmes. C’est donc un témoin important à entendre. Il ne nomme qu’une fois Hippocrate, et c’est dans la Politique. On y lit, livre VII, chap. 4 : « Quand on dit le grand Hippocrate, on entend, non pas l’homme, mais le médecin. » Cette mention, quoique faite en passant, mérite d’être recueillie. Elle prouve que la réputation du médecin de Cos était assez bien établie à une époque encore peu éloignée de sa mort pour lui valoir le titre de grand. Elle se rapporte aussi au témoignage plus ancien de Platon, qui, comme nous venons de le voir, cite le médecin de Cos comme une autorité imposante. Ainsi Hippocrate ne tarda pas à être estimé par ceux qui vinrent immédiatement après lui, autant qu’il le fut par ceux qui, dans un âge postérieur, le reconnurent pour le chef de la médecine, et entourèrent d’une sorte de culte sa mémoire et son nom. Ce n’est pas le fait le moins important de son histoire.

La remarque faite au sujet de Platon s’applique également à Aristote. Celui-ci a connu Hippocrate ; on le sait par la citation de la Politique. Si, partant de cette base, on recherche les ressemblances entre les livres aristotéliques et les livres hippocratiques, on en trouve une multitude. Je n’en rapporterai qu’un exemple. Il est dit dans l' Histoire des animaux, liv. III, chap. 11[1], que là où la peau est seule, elle ne se réunit pas si elle vient à être coupée, par exemple à la partie mince de la mâchoire, au prépuce, à la paupière.

  1. Ὅπου δ' ἂν ᾖ καθ' αὑτὸ δέρμα, ἂν διακοτῇ, οὐ φυμφύεται· οἷον γνάθου τὸ λεπτὸν, καὶ ἀκροποσθία, καὶ βλεφαρίς. — La même chose est répétée dans l’Hist. des anim.. l. 1, ch. 13, et dans le traité Des parties des animaux. l. 2, ch. 13.