Aller au contenu

Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne garde jour et nuit. Un incident les mit en défaut, ce fut leur perte.

Le navire la Dunkerquoise avait débarqué seize jeunes filles, envoyées sous la conduite de Mlle de Laferrière (en religion sœur Marie de Saint-Augustin) pour se fixer à l’île Bourbon. Six d’entre elles voulurent contracter mariage au Fort Dauphin. Ces unions furent, le 4 décembre, l’occasion de fêtes qui diminuèrent la vigilance des Français, Dian-Manangue sut en profiter. Il pénétra dans le Fort avec ses gens, semant sur son passage l’épouvante et la mort. Dans leur panique, les Français ne virent d’autre moyen de salut que de s’embarquer précipitamment sur le Blanc-Pignon qui se trouvait en rade.

Ces malheureux, sans provisions d’aucune sorte, furent conduits à Mozambique, colonie portugaise. M. Labretèche accuse 62 passagers dont 40 périrent de maladie et de faim : d’autres portent les fugitifs à 500 dont la moitié seraient morts pendant la traversée. Ni M. Labretèche, ni les missionnaires ne donnent de détails sur le massacre, ce qui ferait supposer que le nombre des victimes a été assez restreint.

Ainsi finit, après 30 années d’essais malheureux, une colonie pour laquelle la France avait envoyé quatre mille hommes ; de ce nombre les deux tiers furent victimes de la fièvre ou de la perfidie des insulaires.

Aujourd’hui, Fort Dauphin n’est plus qu’un simple village malgache, près duquel on voit encore les belles rangées de manguiers plantés par les Français.