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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/39

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« De 1710 à 1720, les pirates firent peu parler d’eux ; mais à cette dernière époque surgirent les Taylor, les Condent, les Egland et surtout le nommé la Buze, qui enlevèrent plusieurs navires en rade, entre autres celui qui portait le vice-roi de Goa et ses richesses, l’archevêque de la même ville et d’autres personnes de distinction » (1721)[1]

« Arrivé en rade, le vice-roi descendit à terre pour faire visite au Gouverneur. Peu de moments après, un vaisseau pirate, de 50 canons entrait dans le port et ne laissait pas échapper une aussi belle capture. Le capitaine s’empara du bâtiment, puis se rendit au Gouvernement. C’était l’heure du dîner. Le pirate se mit entre le Gouverneur et le vice-roi à qui il déclara qu’il était son prisonnier. Après de nombreuses libations, Olivier, Levasseur commençait à prendre une physionomie plus sociable. Desforges profita du moment : « Capitaine, lui dit-il, quelle rançon exigez-vous du vice roi ? — Il me faut mille piastres, répondit-il avec indifférence. — C’est trop peu, dit le Gouverneur, pour un brave homme comme vous et un gros seigneur comme lui. Demandez beaucoup ou ne demandez rien — Eh bien ! qu’il soit libre, dit le pirate. » Le vice-roi ne se le fit pas répéter, regagna son navire et mit à la voile.[2]

Quant au pirate, le surnom de la Buze lui fut donné depuis cet acte de générosité. Dix ans plus tard, il fut pris à Madagascar par l’Hermite, capitaine de la Méduse, puis amené à Bourbon, jugé, condamné et pendu le même jour, 17 juillet.

12. La chasse aux pirates était l’objet d’une attention spéciale de la part de l’Angleterre ; la France ne resta pas étrangère à ce mouvement, mais en faisant connaître aux forbans ses intentions de les gracier, à la condition de changer

  1. Maillard.
  2. Lacaze.