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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/86

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conduisant à la rivière d’Abord était donc la seule voie pratiquée. Cet état de chose dura jusqu’en 1783, sans que les habitants pussent espérer une situation meilleure ; ils étaient si peu encouragés à la culture de leurs concessions que l’année suivante, 1784, l’Administration dut en réunir un certain nombre au domaine.

Pour relever l’énergie de ces familles que la misère et la faim décimaient, pour les exciter à la culture, leur créer des relations commerciales, les grouper et former un quartier, il fallait un homme d’un grand dévouement ; cet homme fut Joseph Hubert.

En 1783, il explora cette région dont la fraîcheur et le climat ordinairement pluvieux lui parurent convenir à la culture des épices. Joseph Hubert communiqua son idée à MM. les administrateurs de Souville et Motais de Narbonne, en s’appuyant sur la nécessité où étaient les habitants de faire beaucoup d’argent avec peu de marchandises. « On ne transporte, dit-il, des produits à tête d’homme que lorsqu’ils ont une grande valeur sous un petit volume. J’ai entre les mains des arbres qui donnent des produits de ce genre ; j’offre des plants à cette localité[1].

L’année suivante, 1784, le Gouverneur se transporta sur les lieux, admit en principe la création du quartier et en détermina les limites ; il s’étendait du Grand-Brûlé à la ravine à Panon, puis ensuite jusqu’à la ravine Manapany.

En 1785, M. de Souviile nomma Joseph Hubert commandant du futur quartier ; l’origine officielle de Saint-Joseph remonte à cette nomination.

En désignant Joseph Hubert pour commandant, le Gouverneur avait donné un père aux familles du Baril, du Trou et du Tremblet. En effet, le célèbre naturaliste fit de la localité sa propriété, et des habitants ses propres enfants. Il leur fournit gratuitement des milliers de plants de girofles et de muscades dont le monopole lui était assuré à un prix très élevé ; il fit creuser des puits

  1. E. Trouette.