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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/9

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ce[1]. Le Bourg, se souciant peu de tels hôtes pour une traversée de cinq mois, les conduisit à Sainte-Marie, d’où, les ayant mis dans une barque voilière, il les fit diriger sur Mascareigne.

Après cet événement, le capitaine Vandremester, gouverneur de l’île Maurice pour la Hollande, vint à Fort-Dauphin acheter les travailleurs dont il avait besoin. Jusque-là les naturels, hommes, femmes, enfants, libres et esclaves, venaient au Fort sans la moindre défiance, pour y travailler, trafiquer, ou même par curiosité. De Pronis fit faire main basse sur tous ceux qu’il rencontra, puis on donna la chasse aux fuyards et aux habitants des villages environnants jusqu’à ce que le gouverneur hollandais eut complété sa cargaison.

Cette perfidie fut une faute capitale contre la prospérité d’une colonie naissante qui avait besoin de toute la bienveillance des naturels du pays. Ceux-ci, voyant ravir leurs parents, leurs chefs, leurs esclaves, résolurent la perte des Français et la destruction de leurs établissements.

À partir de ce moment les rapports des naturels avec les colons ne furent plus que feintes, embûches, escarmouches, trahisons, vols, grands combats : tous les moyens imaginables furent employés durant 27 ans, pour arriver au dénoûment tragique de 1674.

Plus heureux que leurs frères de Fort-Dauphin, les déportés trouvèrent à Mascareigne la santé, une nourriture abondante et les charmes d’une vie paisible. Ils stationnèrent non loin du lieu de leur débarquement, lequel s’était opéré en octobre, à l’embouchure d’une rivière de la côte orientale ; cette rivière reçut le nom de Saint-Jean.

La saison des grandes pluies les obligea bientôt à se créer des abris ; ils élevèrent trois cases au moyen de pieux et de feuillages, et ce fut l’habitation de l’Assomption (aujourd’hui Quartier-Français,) en mémoire de ce premier séjour.

  1. La Forge et Beaumont ne furent point compris dans les douze.