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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/10

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Leur nourriture consistait en foies de tortues, cabris, poissons, oiseaux, cochons, auxquels ils ajoutaient les fruits variés de la forêt.

La culture se réduisait nécessairement à deux sortes de plantes, les melons et le tabac, seules graines qui eussent été apportées de Madagascar.

Voyant partout la même abondance d’animaux et de fruits, les déportés résolurent d’explorer le pays. Tout porte à croire qu’ils pénétrèrent peu dans les gorges de la partie orientale ; mais le volume d’eau considérable de la rivière du Sud les détermina à en découvrir la source ; ils arrivèrent en effet à un plateau encaissé à la base du massif le plus élevé de l’île. Ce plateau, limité au Sud par une chaîne de remparts moins élancés que le grand massif, était un immense réservoir que l’action dévastatrice des cyclones a fait disparaître[1].

De là, les explorateurs regagnant le littoral, débouchèrent dans la plaine occidentale. L’étang qui la fertilisait, la douceur du climat, la pureté du ciel, une mer habituellement calme, contribuèrent au choix de ce lieu, pour une résidence que les déportés pensaient ne jamais quitter.

Ils construisirent au Nord-Est de l’Étang une nouvelle habitation avec les dépendances nécessaires ; au centre s’élevait un piédestal surmonté d’une croix près de laquelle ils accomplissaient les devoirs religieux qui leur étaient possibles. C’est là que le capitaine le Bourg vint leur donner communication des ordres qui mettaient fin à leur exil.

  1. Certaines cartes, copies infidèles de celle de Flacourt, établissent au sommet de l’île « un grand lac d’où sortent sept rivières. » La carte de Flacourt imprimée en 1661, ne décrit point ce lac fameux, ni la dénomination ci-dessus. Celui que les déportés mentionnent, figure exactement le plateau de Cilaos ; or il n’est pas improbable que les terres cultivées aujourd’hui aient été jadis couvertes d’eau. En 1875, l’éboulis du Grand Sable, interceptant la Rivière de Fleurs Jaunes, a fait surgir un lac qui a disparu trois ans après. Un phénomène semblable au Cap Noir était sans aucun doute la cause du lac indiqué par les déportés.