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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/112

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qu’il ressemble bien à Bayard, s’il était de son poil, et celui qui le monte, est plus léger encore. Sachez que Regnaut fit tant, que Bayard passa tous les autres chevaux ; quand Regnaut fut au bout des lices, il prit la couronne et la mit dans son bras ; quant à l’argent et aux draps, il les laissa ; ensuite il retourna vers le roi, toujours le petit pas. Le roi le voyant venir, lui dit en riant : Ami, je vous prie, arrêtez un peu, et si vous voulez ma couronne, vous l’aurez ; je vous donnerai tant de votre cheval, qu’en votre vie vous ne serez jamais pauvre. Parbleu, dit Regnaut, ces paroles ne servent de rien, je m’appelle Regnaut et j’emporte votre couronne ; cherchez un autre cheval pour Roland, car vous n’aurez ni votre couronne, ni Bayard ; alors il partit comme la foudre. Quand Charlemagne eut entendu ce que Regnaut lui avait dit, il en fut si irrité, qu’il fut longtemps sans pouvoir dire un mot. Quand il fut revenu à lui, il s’écria : Seigneurs ! mon ennemi Regnaut, le fils d’Aymon. Les chevaliers ayant entendu ce que le roi avait dit, piquèrent leurs chevaux pour poursuivre Regnaut, mais ils ne purent en venir à bout. Regnaut les voyant bien éloignés, passa la Seine à la nage ; quand il fut passé, il mit pied à terre. Le roi qui était aussi à sa poursuite, appela Regnaut et lui dit : Fils de Prud’homme, rends ma couronne, je t’en donnerai la valeur et trêve pour deux ans. Regnaut lui répondit : Je n’en ferai rien ; vous n’aurez jamais votre couronne, je la vendrai et paierai mes chevaliers ; je ferai mettre l’escarboucle au-dessus de mon château, afin que ceux qui iront à Saint-Jacques la puissent mieux