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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/111

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que son cheval allait clochant, et se disaient les uns aux autres : Ce sera celui-ci qui gagnera le prix et la couronne. Un d’entr’eux dit à Regnaut : Vous avez bien fait, vaillant chevalier, d’avoir amené votre bon cheval, vous gagnerez sûrement le prix. Regnaut entendant toutes les paroles qu’on disait de lui, en était fâché, et s’il n’eût craint de perdre le prix, il aurait éclaté, mais il se modéra. Quand le roi entendit ce que les chevaliers disaient à Regnaut il en fut irrité, et dit assez haut : Je vous recommande, sous peine d’encourir ma disgrâce, que personne ne fasse des reproches à ce chevalier. Quand le duc Naimes et Oger virent qu’il était temps de courir, ils firent sonner de la trompette ; alors chacun se mit à courir. Quand Maugis vit qu’il était temps de partir, il délia le pied de Bayard, mais avant qu’il fût délié, les autres étaient déjà bien loin. Regnaut alors dit à Bayard : Nous sommes en arrière, et si vous n’êtes le premier, vous en serez blâmé. Quand Bayard entendit Regnaut, il fronça les narines, allongea le col et partit avec tant de vivacité que la terre semblait fondre sous ses pieds et en peu de temps il les eut bientôt passés ; quand ceux qui gardaient les lices le virent courir, ils en furent tous surpris, se disant l’un à l’autre : Voyez comme ce cheval blanc court rapidement, il n’y a pas longtemps qu’il boitait, et maintenant c’est le meilleur de tous.

L’empereur Charlemagne appela Richard de Normandie, et lui dit : Vites-vous jamais tant de beaux chevaux courir ensemble ? Non, Sire, répondit Richard, mais le blanc les a tous passés. Grand Dieu !