Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/132

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Le roi se leva et dit en lui-même : que j’ai donc mal agi contre ces chevaliers ! puis il s’en retourna coucher. Regnaut et ses frères montèrent au palais ; quand il les vit venir, il leur tendit la main, et dit à Regnaut : Ne soyez pas surpris si je ne vous embrasse pas, c’est que je suis incommodé. Regnaut lui dit : Sire, on peut bien vous soulager ici, mes frères et moi vous procureront tous les secours nécessaires. Je vous remercie, leur dit le roi. Il appela son sénéchal et lui dit : Apportez-moi les manteaux d’écarlate ; il les apporta aussitôt, et le roi leur fit mettre et les pria de les porter à sa considération. Sire, dit Allard, nous les porterons. Mais s’ils eussent su la trahison, ils ne les auraient pas mis. Quand chacun d’eux eut mis son manteau, le roi les regarda et se mit à pleurer. Son sénéchal était la, qui savait toute la trahison, mais il n’osait rien dire à cause du roi. Regnaut pria le roi de manger, car il désirait bien de le servir. Après le repas le roi prit Regnaut par la main et lui dit : Beau-frère et ami, j’ai un secret à vous dire ; vous saurez que j’ai été à Montauban, où j’ai parlé à Charlemagne, qui m’accusait de trahison, parce que vous êtes dans mon royaume, dont j’ai présenté gage devant toute la compagnie ; mais personne n’a été assez hardi pour me dédire. Nous avons eu plusieurs paroles ensemble, et à la fin nous avons déclaré la paix aux conditions suivantes, savoir : Que vous irez demain aux plaines de Vaucouleurs ; vous n’aurez pour armes que votre épée, vous monterez sur des mulets, vous serez revêtus des manteaux que je vous ai donnés et porterez