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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/131

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dit que Charlemagne lui mandait que s’il voulait tenir sa parole, il augmenterait son fief de quatorze beaux châteaux, et qu’il lui envoyait quatre manteaux d’écarlate, fourrés d’hermine, pour les donner aux quatre fils Aymon, ce qui servirait à les faire reconnaître. Charlemagne veut que l’on ne fasse mal qu’à eux, et vous mande que ses gens sont en embuscade en attendant que vous les leur livriez. Quand le roi Yon eut entendu le contenu de la lettre, il manda aussitôt cent chevaliers bien armés, monta à cheval et partit pour Montauban ; il fit loger ses gens dans le bourg et alla au palais. Quand sa sœur, épouse de Regnaut, sut son arrivée, elle alla au-devant de lui, et le prenant par la main, voulut l’embrasser, mais il détourna son visage, lui disant qu’il avait mal aux dents ; il commanda qu’on lui préparât un lit, parce qu’il avait besoin de repos, il se coucha et dit en lui-même : Grand Bien ! que je suis malheureux de trahir si indignement des chevaliers aussi généreux ; leur perte est décidée, si Dieu ne les secourt. Je suis un véritable Judas ; c’était ainsi qu’il formait des regrets. Regnaut et ses frères revinrent de la chasse et ils avaient pris quatre grands sangliers. Quand Regnaut fut devant Montauban, il entendit le bruit des chevaux, il demanda à son domestique : Sont-ce les gens du roi Yon ? Il était inutile qu’il vint, j’aurais bien été le trouver. Il appela son neveu, et lui dit de lui apporter son cor, puis il dit à ses frères : Prenez chacun le vôtre et faisons fête à l’arrivée du roi Yon ; alors ils se mirent à sonner tous ensemble et firent retentir le château de Montauban.