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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/162

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votre femme ignorait la trahison que votre frère vous a faite ; si vous l’eussiez voulu croire, nous n’aurions pas hasardé d’y aller, nous vous prions de lui pardonner. Regnaut leur répondit : je lui pardonne bien volontiers à votre faveur. Aussitôt ils allèrent chercher la dame et la conduisirent vers Regnaut qui l’embrassa tendrement. Alors la joie commença dans Montauban ; puis ils lavèrent leurs mains et se mirent à table. Comme ils commençaient à manger, le messager du roi Yon arriva et dit à Regnaut : le roi vous mande de le venir secourir, ou autrement il est mort ; car Roland et Olivier le mènent pendre à Montfaucon. Pardonnez-lui comme Dieu a pardonné à la Magdeleine ; il sait bien qu’il a mérité la mort. Nous n’irons pas, dit Allard, et que maudit soit Roland, s’il ne le fait pendre comme un traître ! Regnaut baissa la tête, laissa échapper quelques larmes en regardant ses frères, car un bon cœur ne peut se démentir, il oublia la trahison du roi et dit à ses frères : Seigneurs, vous savez que c’est à tort que Charlemagne m’a déshérité, et non content de cela, il fit jurer à mon père que je n’aurais rien de lui. Vous savez qu’après tous les maux que nous avons endurés, nous sommes venus ici, et que le roi Yon me témoigna beaucoup d’amitié en me donnant un duché et sa sœur eu mariage. Mes enfans sont devenus ses neveux, et je n’ai jamais connu de mal en lui. C’est la crainte qu’il avait de Charlemagne qui l’aura engagé à nous trahir, et il ne l’a fait que par le mauvais conseil de ses barons. Il faut aller les secourir ; il serait honteux pour mes enfans qu’il fût dit que leur oncle eût été pendu.