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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/163

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Malgré sa trahison, il ne faut pas oublier ses bien-faits. Allard dit qu’il ne se souciait point de secourir un traître. Richard lui dit qu’il fallait obéir à Regnaut, qu’il était son seigneur. Les citoyens dirent tous d’une voix unanime : Bénie soit l’heure à laquelle Regnaut est né ! nous n’avons jamais vu un chevalier plus hardi. Ils lui dirent : Sire, nous vous reconnaîtrons pour notre roi. Nous vous prions de secourir Yon. il serait honteux pour la Gascogne que l’on pendit son roi. Regnaut prit une trompette et en fit retentir le château de Montauban ; aussitôt chacun alla s’armer. Regnaut prit sa lance et monta sur Bayard. Ils partirent au nombre de six mille hommes à cheval et bien mille à pieds ; et quand ils furent hors de Montauban, Regnaut leur dit : Seigneurs, pensons que le roi Yon est en grand danger, qu’il a reçu un coup et est mort sans remède ; ainsi je vous prie de faire pour le mieux, vous savez que Roland me déteste ; je vous prie de penser à moi, et l’on verra qui sera le meilleur chevalier. Allard lui dit : Nous ne vous abandonnerons jamais. Ils aperçurent les gens de Roland ; Allard s’arrêta et attendit Regnaut. Quand Roland aperçut les gens de Regnaut, il dit aux siens : Seigneurs, je vois venir bien des gens armés, ne serait-ce point Regnaut et ses frères ? Sire, dit l’archevêque Turpin, ce sont eux, ils se font bien connaître, mais nous ne pourrons échapper avec eux. Oger voyant Regnaut, fut bien content de ce qu’il avait trouvé Roland : puis il lui dit : Vous avez ce que vous désirez ; on verra si vous pouvez l’amener prisonnier à Charlemagne : vous aurez ensuite Bayard, et la