dire une prière que apprise dans mon enfance. Ripus lui accorda, et il commença ainsi : Dieu tout-puissant qui par votre bonté divine, créâtes le Soleil et la Lune, la Terre et les quatre Elémens, formâtes l’homme à votre image, le mîtes dans votre Paradis, où vous le fîtes jouir de tous les fruits, excepté du fruit défendu ; mais parce qu’il fut désobéissant, il fut chassé et souffrit bien des maux. Seigneur qui par votre bonté divine, avez en pitié de l’humaine nature et délivré Noé du déluge, qui avez retiré Jonas du ventre de la baleine ; qui prîtes chair humaine, et souffrîtes la mort et passion pour nous racheter ; daignez en ce jour me délivrer du danger auquel je me vois exposé. Ensuite, accablé de douleur, il dit a Ripus de disposer de lui à sa volonté.
Quand le courageux cheval Bayard, qui avait été
bien dressé par Maugis et qui entendait ce que l’on
disait presqu’aussi bien qu’un homme, eut entendu
tout le débat et le bruit des armes que faisaient les
chevaliers de Charlemagne, que le méchant Ripus
avait amenés avec lui à Montfaucon pour le défendre
en cas que Regnaut vint avec des gens
armés, dans le dessein de délivrer son frère Richard.
Bayard voyant donc que Regnaut dormait, frappa